Peux-tu nous parler de toi et nous expliquer qui est Frédéric Mittaine ?

Bien sûr, Fred Mittaine, maître-nageur sauveteur, titulaire du BEESAN, je suis également ETAPS. J’ai également une formation comptable qui m’a permis de travailler dans la comptabilité pendant une vingtaine d’années. En parallèle de cette première vie, j’ai toujours été passionné de sport, mais sans réelle volonté d’en faire mon métier par peur que cela devienne une contrainte.

Passé la quarantaine, je me suis dit que ce serait bien de commencer à partager ma passion, j’ai donc passé le BEESAN et j’ai rejoint la communauté d’agglomération du grand Dole en tant que maître-nageur. La collectivité m’a proposé, en complément, de passer le titre d’Éducateur Territorial des Activités Physiques et Sportives (ETAPS) pour intervenir au sein des écoles. J’y ai également mené des projets autour du sport santé.

En 2019, les équipements aquatiques du Grand Dole sont passés en DSP. Je suis détaché de la communauté du Grand Dole et exerce donc chez Equalia.

Quel sont tes centres d’intérêts ? Une activité fétiche peut-être ?

Oui ! J’ai pratiqué beaucoup de sports puisque mon père était professeur d’éducation physique. Plus jeune, j’ai pratiqué des sports collectifs avec mes frères. Je m’inspire beaucoup de cette expérience du sport co pour manager mon équipe bassin. Ça m’aide à transmettre les valeurs que doit avoir une équipe.

Le problème avec ce type de pratique, c’est que cela demande un engagement complet qui ne me permettait plus de conserver un bon équilibre avec ma vie de famille. Je suis marié, j’ai des enfants et lorsque je fais quelque chose, je me donne les moyens de le faire malgré tous les « sacrifices » que cela engendre. Je me suis donc petit à petit orienté vers des sports plus individuels comme le triathlon. Dans ce type de sport, on est très centré sur soi, sur sa performance. Cela amène beaucoup plus de rigueur dans la pratique et c’est ce qui m’a plu.

Plus tard, j’ai goûté au trail et je suis tombé dedans ! J’ai commencé par du court, puis du moyen, du long et aujourd’hui l’ultra. C’est une autre approche du sport, on apprend à se connaître, on développe des choses tout à fait personnelles, que ce soit dans la gestion de course, de l’alimentation… On découvre des ressources qu’on pensait ne pas avoir et tout ça dans un cadre idyllique.

Quel est le déclencheur ? A quel moment on se dit : « Je fais faire une course à pied de 171km avec 10 000m de dénivelé » ? C’est le dépassement de soi ? repousser ses limites ?

C’est un peu ça ! J’aspire à être dans la nature, j’y trouve un bien-être qui est différent, une solitude que j’apprécie. Aussi bizarre que cela puisse paraître, on y vient finalement assez naturellement. J’ai commencé véritablement en 2011, avec des courses de 40, 50 km. Ensuite, avec l’âge, on apprend à se connaître, la vitesse devient difficile à entretenir, on recherche moins la compétition. Mon seul adversaire, c’est moi. De fil en aiguille, je suis passé au 80 puis au 100.

Lors de mon premier 100 km au Mont-Blanc, il y a eu un déclic. À quelques kilomètres de l’arrivée, je me suis dit : « Fred, tu as la tête et les jambes, le 170 c’est pour toi ! ». Commencent alors le travail, l’entraînement, c’est beaucoup de choses, mais ça s’est mis naturellement et tranquillement en place.

Justement, tu me parles de préparation, ça se prépare comment une course comme celle-là ?

Ce sont beaucoup d’entraînements, beaucoup de kilomètre, une hygiène de vie stricte, des invitations qu’on refuse à droite à gauche, garder une bonne alimentation, je suis devenue végétarien, je fais du yoga pour rechercher de l’équilibre, de la concentration, de la respiration… C’est un ensemble de choses, de « sacrifices », qui rendent l’événement encore plus beau à vivre. Quand on arrive à l’arrivée, on se dit « je n’ai pas fait tout ça pour rien, ça a du sens, voici la récompense ».

La natation m’a permis de travailler mon cardio, le haut du corps, tout en reposant mes articulations. En plus, je travaille dans une équipe composée de sportifs, donc on peut échanger, se motiver chacun dans sa pratique. On prend l’expérience des uns et des autres, il y a une émulation qui se crée.

Comment on se sent à l’arrivée, après 40h d’efforts ? vous dormez pendant la course ?

À titre personnel, je ne dors pas beaucoup, je n’y arrive pas. Quand j’ai une assistance, une personne qui nous aide lors des ravitaillements, j’arrive à dormir durant 10 minutes et à optimiser ces temps de repos. Mais cette année, je n’avais pas d’assistance. Alors pour l’anecdote, lorsqu’elle est là, je lui demande lors de la deuxième nuit de me poser des questions très précises pour vérifier que je ne pars pas. Lors d’un effort si long, on est plus facilement sujet à aux hallucinations et on ne sait plus si on marche sur des lapins ou des rochers.

Et puis à l’approche de l’arrivée, je vois le Mont-Blanc, je le remercie de m’avoir permis de faire cette course. C’est difficile de mettre des mots, c’est quelque chose de très particulier, cette année, je suis arrivé plus tôt, il y avait beaucoup de monde, on est comme un gosse.

Après l’arrivée, il y a aussi parfois un petit coup de blues, on a du mal à redescendre, c’est un peu comme les femmes après l’accouchement !

Quels conseils pourrais-tu donner à quelqu’un qui souhaite se lancer dans l’aventure UTMB ?

D’abord d’être très progressif ! On voit de plus en plus de monde qui se lance ce type de défis, il y a des étapes à franchir, il y a plusieurs approches. Au-delà de la vitesse, il y a aussi la gestion de l’alimentation et du sommeil. Il y a une particularité sur l’ultra trail, durant lequel il faut être très solide dans la tête, il y a des moments où on est bien et d’autres où c’est tout l’inverse. Il faut savoir gérer ces moments pour ne pas s’emballer quand tout va bien. C’est ce que j’ai fait sur le départ cette année parce qu’il y avait du monde, jamais j’avais vu ça. Je l’ai payé pendant 80 km où cela a été difficile. Je sais d’expérience qu’à moment ça ira mieux par contre tu ne sais pas quand. C’est compliqué à gérer et c’est pour cela qu’il faut de l’expérience et bien se connaître.

C’est un sport qui fait rêver de plus en plus, mais ça reste un sport dangereux, un sport de montagne, il y a déjà eu des morts. Il ne faut pas l’oublier, il faut rester humble. Le moindre faux pas peut vite devenir très compliqué.

Dans quelle valeur de la Famille Equalia te reconnais-tu le plus ?

C’est des valeurs que l’on retrouve dans le trail, qui me plaisent bien en tout cas. L’authenticité, ça me parait essentiel. Attentionné, c’est ce que j’essaie d’apporter aux clients et au reste de l’équipe, c’est

vraiment quelque chose d’important pour moi. Il faut que l’on arrive à mettre plus en avant ces valeurs dans la société, on sort de la période COVID, depuis un an, on met des choses en place à notre niveau.

C’est quoi ton prochain défi ?

Mon prochain défi ? Pour moi, une course est réussie quand passée l’arrivée, malgré la fatigue, indépendamment du chrono et de ton classement, tu te dis… Vivement la prochaine ! Là, je suis dans une dynamique de récupération, ça se passe bien et je me projette sur l’année prochaine. Il y a de plus en plus de monde sur l’UTMB, ça devient compliqué parce qu’il faut aller chercher des points sur d’autres courses, il y a tout un système. Ça devient aussi une course très chère. La première fois, j’avais dit à mes proches : « c’est mon jubilé, je mets fin à ma carrière sportive » et j’ai tout de même continué. J’ai encore la tête, j’ai encore les jambes, et puis j’ai encore besoin de vivre ces moments-là. Mon prochain défi, ça sera encore de la longue distance de toute façon. J’ai fait une course dans les Pyrénées, j’ai bien aimé. Dans les Alpes, on monte en lacet pour que la pente soit moins dure, mais dans le sud, ils ne connaissent pas, c’est tout droit, c’est sauvage. Et puis j’aime regarder en haut, je n’aime pas regarder en bas… Sur l’UTMB on regarde en haut et on voit le Mont-Blanc de tous les côtés, depuis la France, depuis l’Italie, c’est ce que j’aime.

Pour finir, professionnellement, quelle est ton activité coup de cœur ?

J’aime tout dans mon métier, mais je dirai surtout la péda scolaire, j’arrive à un âge où j’ai envie de partager ma passion. Puis sur les activités, je dirai l’activ’TONIC, c’est cardio mais axé sur du renforcement musculaire et puis ça bouge bien.

Merci beaucoup Frédéric et encore bravo pour tes exploits !